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Séverine CASALIS
Ludivine JAVOUREY

01/10/2022 – 30/09/2025

Sujet de thèse

À la recherche des mécanismes d’apprentissage du vocabulaire pour améliorer la compréhension de lecture.
Considération du milieu socioéconomique

Résumé

Une caractéristique particulièrement saillante de la région Hauts-de-France est l’incidence élevée des situations de pauvreté économique. Ceci est reliée à un niveau de développement langagier, et notamment en termes de lexique, plus faible que la moyenne. Parmi les déterminants de l’apprentissage de la lecture, on connait bien les compétences phonologiques (conscience phonologique, mémoire à court terme phonologique, dénomination rapide). Cependant, si ces compétences phonologiques constituent l’essentiel des déterminants de la maîtrise du décodage en lecture, la maîtrise de la lecture ne peut s’en tenir au seul décodage. La fluence en lecture et surtout la compréhension en lecture constituent des objectifs, certes conditionnés à la maîtrise du décodage, mais la dépassant. Les déterminants de la fluence et la compréhension en lecture sont bien hétérogènes et la modélisation de l’apprentissage est particulièrement complexe (Bianco, 2016). Parmi les éléments déterminants, le vocabulaire occupe une place centrale (Nation, 2009).

Le vocabulaire entretient, en effet, des liens d’influence réciproque avec la lecture. D’une part, le vocabulaire constitue un prédicteur fort de la fluence et de la compréhension en lecture y compris dans les milieux défavorisés (Rassel et al, 2021). On peut montrer qu’un mot sera lu plus lentement s’il ne fait pas partie du lexique de l’enfant, et que la compréhension d’un texte sera altérée si le nombre de mots inconnus est trop important (on fixe souvent une limite à 90-95% de mots connus pour saisir le sens d’un texte).

D’autre part, la lecture est pour l’enfant l’occasion d’apprendre de nouveaux mots. Une spirale négative se met donc en place chez les enfants qui, même en maitrisant le décodage, disposent d’un vocabulaire très limité. N’ayant pas un vocabulaire suffisant, ils ne peuvent comprendre le texte entravant le développement de et l’appétence à la lecture. Sans comprendre le texte, ils ne peuvent extraire le sens d’un mot nouveau. Une façon de briser cette spirale consiste à intervenir en amont de la lecture du texte pour améliorer le niveau de vocabulaire des enfants. L’objectif de cette thèse, qui s’inscrit dans le cadre du PIA 3 «Pôles d’innovation pédagogique: 100% Inclusion, un Défi, un Territoire» (IDT), est ainsi de proposer un dispositif d’apprentissage lexical, basé sur la recherche, qu’éventuellement contribuera à la compréhension de lecture chez les élèves en difficulté. Pour ce faire, nous devons d’abord examiner les mécanismes d’apprentissage de mots comme préalable à la lecture de texte afin de proposer un outil qui soit à la fois pertinent pour les enseignants et bénéfique pour les élèves.

Ci-dessous les objectifs du projet :
• Etudier les mécanismes sous-jacents à l’apprentissage de vocabulaire.
• Proposer un dispositif pédagogique pour l’apprentissage lexical basé sur la recherche
• Implémenter une méthode pour améliorer les capacités de lecture des élèves.

Pour atteindre le premier objectif, une expérience est proposée afin d’avoir une première approche des aspect sémantiques du vocabulaire chez les enfants. Nous cherchons à comparer l’étendue et la profondeur du vocabulaire en milieu ordinaire et en REP/REP+. Du fait des capacités de lecture déjà appris mais encore en développement, nous souhaitons évaluer ces caractéristiques du vocabulaire chez des élèves en CM1 et CM2. En effet, une différence entre étendue et profondeur du vocabulaire est proposée (Ouellette, 2010). L’étendue est comprise comme la quantité de mots qu’un enfant peut avoir et la profondeur fait référence au degré de connaissance de ces mots. Ainsi, nous pourrons évaluer s’il existe de différence entre ces deux aspects du vocabulaire en fonction du niveau socioéconomique. 

Examiner une telle différence nous aidera à mieux cibler les besoins des enfants issus de milieux défavorisés. Le projet se déroulera de la manière suivante :
1. Evaluation de l’étendue et la profondeur du vocabulaire des élèves a l’aide des tests standardises et des taches à ses fins
2. Comparaison des résultats entre les élèves du milieu ordinaire et les élèves des classes en REP et REP+
3. Recherche des stratégies efficaces pourque les enfants acquièrent du vocabulaire solide.
4. Développent d’un outil pédagogique, coconstruit avec les membres de la communauté éducative, pour améliorer la compréhension de lecture chez des élèves en CM1 et CM2, notamment en milieux socioéconomiques défavorisés.

Les résultats obtenus et les analyses à faire complémenteront d’autres expériences qui sont en cours et qu’auront lieu dans le cadre de la thèse. De cette manière, nous pourrons prendre en compte les caractéristiques du vocabulaire des enfants en REP et REP+ et les analyser pour pouvoir les intégrer dans l’outil pédagogique que sera mis à leur disposition.